Interview de Richard Beauvais et Xavier Doineau, représentants de la CGT au CROCT
"La CGT a toujours porté la question de la prévention au travail et plus précisément l’importance de la prévention primaire".
Interview de Richard Beauvais et Xavier Doineau représentants de la CGT au comité régional d’orientation des conditions de travail de la région Pays de la Loire (CROCT).
Messieurs Beauvais et Doineau, présentez-nous la CGT !
Depuis 1895, date de sa création à Limoges, la CGT occupe une place de premier plan dans le mouvement social et la lutte syndicale. La CGT a pour vocation de défendre les intérêts individuels et collectifs des salariés. Nos intérêts étant différents de ceux du patronat, pour être efficaces nous ne nous interdisons rien : la formulation de propositions, la négociation et le cas échéant l’action.
M. Beauvais, que fait la CGT en matière de prévention dans la région Pays de la Loire ?
La CGT a toujours porté la question de la prévention au travail et plus précisément l’importance de la prévention primaire. C’est ce message que nous voulons porter à tous les niveaux, il constitue pour nous une revendication fondamentale.
Nous animons des stages de formation syndicale à destination de nos représentants dans les CHSCT. Ces sessions régulières permettent d’échanger avec des camarades issus d’entreprises d’activités diverses et de toutes tailles. Nous avons pu constater le fossé, souvent par manque d’information/formation, qui existe entre les entreprises. Nous pensons aux salariés, bien sur, mais aussi aux chefs d’entreprises qui pour certains sont dans le même cas. Quant aux autres, il y a toujours un à priori négatif sur le rôle des CHSCT. Cette instance est « au mieux » perçue comme une perte de temps, le plus souvent comme un poste de dépense supplémentaire inutile, car non génératrice de profits. Il y a encore beaucoup de travail de pédagogie pour faire comprendre à tous les acteurs l’intérêt pour tous du CHSCT.
Le comprendre comme un investissement dans l’avenir en termes de santé bien sur, d’environnement et même sous l’angle de l’économie financière à plus ou moins long termes pour les entreprises. Précisons enfin le souci constant que tous les acteurs apportent ainsi à la protection sociale dans son ensemble.
Le CHSCT avec ses nouvelles prérogatives, notamment environnementales, est une instance cruciale, la CGT mettra tout en œuvre pour la renforcer. Ce CHSCT, particularité française, est aussi le fruit des luttes des salariés. Il doit conserver une place prépondérante dans le code du travail du 21ème siècle.
Son rôle est central, certains souhaiteraient sans doute le faire taire ou tout au moins limiter sa capacité de nuisance. En tant qu’élus CGT, c’est un combat perpétuel qu’il nous faut mener pour faire reconnaître l’importance des missions et prérogatives de cette instance.
M. Doineau, comment voyez-vous votre contribution au PRST3 ?
Au travers de notre participation, nous souhaitons tout d’abord mettre en avant notre ras le bol d’entendre à longueur de temps parler du coût du travail, mais pas de celui du mal-travail. Une des ambitions de la CGT est de transformer le travail, car ce dernier est malade. Or, on peut entendre que le PRST3 cherche à aller dans ce sens, puisque sans lâcher la nécessaire réparation, il place la prévention primaire comme un enjeu majeur. S’investir dans ce travail représente pour la CGT la volonté, l’ambition de porter les enjeux et les problématiques issus des lieux d’activités. Nous serons vigilants à ce que ce plan ne soit pas uniquement le fruit d’experts trop souvent en déconnexion avec l’activité de travail réel, afin qu’il soit efficace et utile pour les salariés. En effet, les experts du travail, ce sont les salariés. Ce sont eux qu’il faut écouter, qui doivent pouvoir intervenir et décider avec l’employeur de modifier les organisations de travail.
La CGT portera le message que la question de la qualité de vie doit être au cœur des controverses entre salariés, puis entre salariés et responsables. Ce n’est pas quelque chose qui doit se focaliser sur les « périphériques du travail » comme les chèques-services, le fauteuil relaxant dans la salle de repos, les plantes vertes, etc… Mais doit bien venir interroger certaines stratégies patronales. Nous savons que parler du travail est un exercice qui chahute. En ce sens, la CGT préfère parler de la Qualité du Travail.
Sur les RPS, la CGT portera aussi le message que pouvoir bien faire son travail, c’est pouvoir s’émanciper, se reconnaître dans ce que l’on fait, être reconnu pour ce que l’on fait. Soigner le travail, c’est répondre tant à l’interrogation sur « le pourquoi je le fais » qu’à celle du « comment je le fais ».
Le lien entre l’organisation du travail et les TMS n’est plus à démontrer. La contradiction entre l’activité de travail demandé et celle produite est génératrice de TMS. Et pourtant, il n’est pas rare que les élus CGT se heurtent encore à des murs.
Quelques mots sur l’évaluation des risques professionnels. La santé au travail est au cœur de l’activité de tous les acteurs impliqués dans la prévention des risques et l’amélioration des conditions de travail. Dans le contexte actuel (indicateurs de santé, coût du mal-travail…), tous devraient voir leurs conditions d’interventions favorisées et améliorées (CHSCT, Médecine du travail, Inspection du travail, Contrôleurs CARSAT, etc…) au sein d’un ensemble qui est celui de notre système de prévention. C’est justement ce dernier, qui morceau par morceau est progressivement défait depuis quelques années. A la CGT, c’est lui que nous voulons préserver et renforcer : c’est le message que nous porterons sur cette question d’évaluation et de prévention des risques professionnels.
En conclusion, pour la CGT, la notion de prévention primaire nous apparaît essentielle afin de ne plus perdre sa vie à la gagner !